De la "Ligne" Maginot a la Force nucleaire

Après l'éclipse qui a suivi la seconde Guerre Mondiale, le Régiment renaît en 1968 à Epinal comme régiment d'infanterie divisionnaire. Sa mobilisation se fait à la caserne Courcy, déjà occupée par le Régiment de 1887 à 1923. Placé sous les ordres du colonel Alévêque, il se compose de six compagnies soit environ 900 hommes. Le plus grand nombre est recruté dans les Vosges.

Le 11 novembre 1975, place Foch à Epinal, le Régiment se présente pour la première fois dans une cérémonie officielle devant les autorités et la population du Département, aux côtés d'unités d'active, pour se voir confier la garde de son nouveau drapeau offert par le Conseil Général des Vosges. Il reprend les inscriptions et décorations du glorieux 149 de toujours. Le nouvel emblème remplace les plus anciens, celui de la Guerre de 1914-1918 qui est aux Invalides à Paris dans un état de fragilité extrême, celui du 149 e R.I.F qui a été incinéré en 1975. Il avait trop souffert lors de la campagne de 1940, en particulier lors de la bataille de Darmannes.

La refonte du plan de mobilisation voit le Régiment quitter Epinal pour Lunéville le 26 novembre 1979. Installé au Quartier Diettmann, le 30e Groupe de Chasseurs devient son organe mobilisateur, se charge de son entraînement et de sa mise sur pied. Le 149 entre dans le cadre de la 104e Division d'Infanterie dont le P.C. est à Nancy, elle même dérivée par la 4e Division Blindée.

En juin 1980, les réservistes vont vivre un moment particulièrement fort puisqu'ils participent durant 4 jours avec 5000 autres réservistes lorrains à l'exercice "Lyautey". Cette manoeuvre s'achève à Bitche pour la phase combat et sur l'ancienne base de Grostenquin pour la prise d'armes.

Le 29 novembre 1980, après 9 années passées à la tête du 149e R.I., le colonel Alévêque quitte le commandement du Régiment qui est confié au colonel de réserve Stéphan, prêtre. 2 ans plus tard, c'est le colonel de réserve Rapenne, professeur de l'Enseignement Public, qui lui succède.

En septembre 1984, une cinquantaine de cadres, avec le Drapeau et sa garde, participent à l'inauguration d'un monument en souvenir des combats de juin 1940 à Darmannes près de Chaumont en Haute-Marne (cf. le chapitre précédent sur le 149e R.I.F). Le lieutenant Dollet, ancien officier appros du 149 e R.I.F ainsi que Madame Esprit de Darmannes qui tous deux ont sauvé le Drapeau en juin 1940, sont présents à la cérémonie. Monsieur Thuillier, président du Souvenir Français de Haute-Marne, est à l'origine de la souscription qui a permis d'ériger le monument.

Les 8 et 9 juin 1985, le 149e R.I. participe, aux côtés de régiments d'active, à un exercice en zone urbaine baptisé "Epinal 85". La prise d'armes de clôture est aussi l'occasion de célébrer le retour du Régiment de réserve vosgien dans son département d'origine à la suite de la dissolution de la 4e D.B. et de la 104 D.I. Le 149 e R.I. devient l'un des 2 régiments d'infanterie de la 107e Brigade de Zone aux ordres du général Ludovic Dupont de Dinechin. Le PC de la Brigade se trouve à Besançon. Elle est elle même dérivée de la 7e D.B.

L'année 85 est aussi marquée par un augmentation de la capacité feu du Régiment avec le remplacement des canons de 75 sans recul par des 106 sans recul ainsi que celui des mortiers de 81 par des mortiers de 120 .

Le 22 juin 1987 au camp de Bitche, après une convocation verticale de la compagnie d'éclairage et d'appuis (c'est à dire un rappel de l'ensemble des réservistes d'une même unité tous grades confondus) le colonel Rapenne quitte le commandement du Régiment qui est confié au colonel de réserve Roussel, directeur de production, qui devient ainsi son successeur.

Le 22 mars 1989, le général (2S) Jacquot prend le commandement de la 107e B.Z. à qui il saura donner un élan nouveau . Sous son impulsion, l'année 1990 marque un changement important dans la mise en oeuvre de l'instruction des cadres de réserve. En effet, c'est désormais à la Brigade de Zone que revient la mission d'en assurer la formation. L'instruction se passe au camp du Valdahon, un exercice de synthèse baptisé "Lionceau" sert à évaluer la capacité opérationnelle. En automne, le PC de la Brigade ainsi que les PC régimentaires participent à un exercice PC - TRANS appelé "Lion". Cette opération se renouvelle chaque année.

Le 16 juin 1991, Place des Vosges à Epinal, les 6 compagnies du Régiment reçoivent des mains du général de corps d'armée Sevrin , Gouverneur Militaire de Metz , commandant le 1e Corps d'Armée et la VIe Région Militaire, leur fanion. Symbole aux couleurs de l'infanterie et de chacune des unités, ces emblèmes trouvent leur origine dans les fanions d'alignement des bataillons des siècles passés. Ils ont été offerts au Régiment par 6 villes des Vosges représentées par leur maire à cette cérémonie.

Le 21 juin 1992, à l'issue d'une convocation au camp du Valdahon, le colonel Roussel passe le commandement du Régiment au lieutenant-colonel (e.r.) Melet, précédemment à l'Etat-major de la 7e D.B. Cette prise d'armes se déroule devant toute la Brigade de Zone avec drapeaux et étendards de toutes ses formations : outre le 149, les 23e R.I., 10e R.C.H., 107e R.C.S. ainsi que les 157e et 167 e Compagnies du Génie . C'est l'occasion unique pour les réservistes de prendre conscience de l'entité de leur grande unité.

Avec la mise en place du plan "Réserves 2000", la 107 e Brigade de Zone, devenue depuis peu Brigade Régionale de Défense est dissoute le 1er mai 1993 en même temps que les10e R.C.H. et 107e R.C.S. . Une dernière prise d'armes a lieu au cimetière militaire de La Fontenelle e près de Saint-Dié.

Dès lors, le 149 e R.I. est rattaché à la Circonscription Militaire de Défense de Metz et, pour son emploi, à la Force Hadès dont la mission est décrite dans les pages suivantes. Le 149 perd 1 compagnie et ses appuis, canons de 106 et mortiers, dans cette réorganisation. Il y gagne la transformation d'une compagnie de combat en une compagnie de recherche et d'investigation ainsi qu'une mission nouvelle dans le cadre d'une grande unité d'active.

LA MISSION DU 149 AU SEIN DE LA FORCE HADES

Le jour même où la 107e Brigade Régionale de Défense a été dissoute, le 1e mai 1993, le Chef de Corps du 149 a reçu sa nouvelle mission : régiment de protection de la Force Hadès. Cette grande unité autonome, placée pour emploi aux ordres du chef d'Etat-major des Armées, constitue la composante terrestre des forces nucléaires susceptibles d'être employées dans le cadre de la stratégie de dissuasion.

En temps de paix la Force Hadès se compose essentiellement d'un Etat-major et du 53e Régiment de Transmissions en garnison à Lunéville et du 15e Régiment d'Artillerie implanté à Suippes. Le 53e Régiment de Transmissions met en oeuvre le système de transmission et d'informatique Hadès, évolution du système RITA. Ce système assure des liaisons fiables et discrètes entre l'Etat-major de la Force et le haut commandement national. Il permet également au général et au PC de donner de ordres concernant la manoeuvre et le tir, aux 15 lanceurs du 15e R.A.

L'unité de tir Hadès est constituée d'un ensemble routier semi-remorque RVI banalisé de 38 tonnes, comportant 2 missiles à poste et toutes les fonctions nécessaires au tir. Le lanceur se caractérise par sa mobilité, sa facilité de mise en oeuvre, son autonomie et sa disponibilité permanente. Chaque lanceur peut tirer 2 missiles nucléaires d'une portée de l'ordre de 500 km. Les caractéristiques techniques du missile Hadès lui assurent durant le vol une autonomie totale, une capacité de pénétration remarquable et une excellente précision. Le tir du missile n'est techniquement possible qu'après réception d'un code détenu par le Président de la République.

Dans sa configuration opérationnelle, la Force Hadès est renforcée par 3 régiments d'infanterie qui assurent la protection terrestre de son déploiement. Ce sont les 149e , 37eet 79e R.I., tous les 3 régiments de réserve. S'ajoutent à ceux-ci, une batterie sol-air Mistral du 57e R.A. et un escadron de circulation routière du 516e R.T.

Grande unité utilisant les technologies les plus récentes, la Force Hadès constitue par sa souplesse et ses multiples possibilités d'évolution un outil remarquable au service de la dissuasion nucléaire. Cela permet à la France de conserver son rang de puissance nucléaire et lui confère un poids diplomatique important.

Le 149 est fier de participer à cette mission qui lui permet pour la première fois depuis sa recréation en 1968 d'être intégré au sein d'une grande unité d'active. Il témoigne ainsi du caractère unique de l'Armée sous ses deux composantes, active et réserve.

 

Hades