le 149e regiment d'infanterie de ligne (1813 - 1814)
Le 149e Régiment d'infanterie de ligne hérita de la seconde affectation du numéro 149. Il fut organisé à Mayence le 1er mars 1813 à partir des 47, 48, 49 et 79e Cohortes du 1er ban de la Garde Nationale. Chaque cohorte, forte de 888 hommes, fut transformée en bataillon ; ainsi, les 3 premières, créées à Rouen, formèrent respectivement les 1e, 2e et 3e bataillons. La 79e, créée à Mayence, donna naissance au 4e bataillon.
Le major Mandeville du 69e est nommé colonel, commandant le 149 dès le 16 janvier. Si la composition de l'unité était bien arrêtée, l'ensemble des hommes du Régiment n'était pas équipé. Ceci fut fait lentement et le 5e bataillon de dépôt, ne fut mis sur pied que le 1er mai, soit 2 mois après sont départ de Mayence.
Le Régiment fut mis sous le commandement du général de brigade Lacroix et du général de division Rochambeau. Les conflits ont débuté en mars 1813 au moment où la Prusse lança sa déclaration de guerre contre la France. Pourtant, très vite, l'armée ennemie après de difficiles combats à Mockern et Leitzau, fut contrainte de se replier, laissant resurgir le spectre des armées françaises victorieuses de 1794 et 1795. Les Français, avec l'habileté du prince Eugène qui bien qu'en position délicate simula la préparation d'une puissante offensive, conservèrent leurs positions face à l'ennemi.
Les forces de Napoléon, parti de Paris le 15 avril afin de prendre le commandement de l'armée et celles du Prince Eugène, firent leur jonction en Basse Saxe sur un terrain conquis. L'Empereur entreprit de marcher sur Leipzig dès le mois de mai. Parallèlement à la prise de cette ville par la division du général Maison, Napoléon triompha à Lutzen. Les armées alliées franchirent l'Elbe à la poursuite des coalisés et se dirigèrent vers Torgau, Doberlug et Hoyerswerda, sur la route de Berlin.
Jusqu'à la prise de Weissig le 19 mai, le 149e de ligne ne fut pas engagé dans les combats mais employé en tant que force de réserve en observation sur la Sprée.
A partir des 20-21 mai 1813, après avoir remporté une brillante victoire à Bautzen, Napoléon engagea une marche à l'ennemi en utilisant les compétences du maréchal Ney et du général Bertrand. Ces derniers se sont opposés au général prussien Blücher, établi en avant du Blosaer-Wasser avec sa cavalerie, une partie de la cavalerie russe et le reliquat des corps Kleist et York.
Au cours de cet engagement, le chef de bataillon Cartier du 149e de ligne fut détaché avec sa troupe pour soutenir une batterie de 12 pièces de 12 et de 4 obusiers. L'ennemi, constatant la relative faiblesse de ce bataillon, fut tenté d'intervenir contre Cartier. Celui-ci opposa une résistance telle qu'elle décima quasiment l'effectif de l'adversaire avant de mettre les survivants en déroute.
Continuant sa progression rapide, à peine gênés par les incendies de villages, le général Lauriston et le maréchal Ney repoussèrent l'ennemi, le poursuivant jusqu'à Würschen. La victoire était complète une fois de plus, d'autant que le 26 mai, le 15e corps du général Maison soutint le combat de Hainau. Le 31, il remporta seul la victoire de Neukirchen et le 1er juin, entrait à Breslau.
Le 149 fut réorganisé par décret impérial le 17 juin, réduit à 1998 hommes pour 3 bataillons. Cartier, Bourbousse et Salleyx commandèrent ces 3 unités. Le 149 composa la 1ère brigade du général Harlet alors placée au sein de la division Rochambeau. Début août, l'armistice rompu par l'armée de Silésie, les alliés alors cantonnés aux alentours de Goldberg furent obligés de se replier et prirent position à Loewenberg.
C'est la 1ère brigade, c'est à dire le 149e de ligne, qui attaqua les Russes, les repoussant derrière le Bober, coupure franchie quelque temps avant. Le chef de bataillon Cartier s'illustra une fois de plus en exécutant plusieurs charges qui occasionnèrent de grosses pertes à l'ennemi... mais aussi dans ses propres rangs. Ce fut la bataille de Loewenberg. Venu en renfort dès le 21 août, l'Empereur vint à bout du corps d'York qui se replia sur la route de Goldberg. C'est là que le 149 se distingua de nouveau ; le chef de bataillon Cartier à l'aide de son unité eut raison d'un régiment russe alors installé dans une redoute. Le combat eut lieu avec les baïonnettes pour seules armes. Les blessures n'empêchèrent pas certains de poursuivre l'ennemi, en déroute devant tant de courage et d'acharnement. Cartier prit le commandement du 149 en lieu et place du colonel Mandeville promu général de brigade.
Blücher, observant un moment de répit dans les armées de la République, pensa que l'Empereur s'était éloigné du front. Il profita de ce moment et mit son armée en mouvement ; il franchit la Katzbach entre Liegnitz et Golberg le 26 août. Les mauvaises conditions météorologiques et la relative lenteur dans la transmission des ordres, combinées à l'action rapide de Blücher, mirent l'armée alliée en position d'infériorité sur la Katzbach. Le 149 se vit enlever plus de 600 hommes tués ou blessés sans parler du matériel perdu ou abandonné sur place.
Sans munitions, démoralisés, sans vivres, les Français se replièrent vers Bautzen où le 149 dû subir de nouvelles pertes en repoussant dans un dernier sursaut Blücher qui préférait prendre le parti de la guerre d'usure que celui de l'affrontement direct.
Le 13 septembre, la division Rochambeau formant l'avant-garde du 5e corps fut prise à partie très violemment à Putscka ; le capitaine Cavalier fut chargé de neutraliser les 4 pièces d'artillerie ennemies avec 2 compagnies de voltigeurs. C'est à la baïonnette qu'il parvint à s'emparer de 2 pièces non sans mettre en échec un bataillon russe et un escadron de cavalerie qui cherchaient à récupérer ces canons. L'Empereur lui-même décora le capitaine Cavalier de la Légion d'Honneur pour ce haut fait d'armes.
Ce glorieux combat du 149e Régiment de ligne fut aussi très meurtrier à cause de la puissance de la cavalerie ennemie. Le chef de corps du Régiment fut plusieurs fois blessé au cours d'un engagement ; laissé pour mort, fait prisonnier par les Prussiens, il ne fut rendu à la liberté qu'en 1814 après la chute de l'Empereur.
La suite de cet épisode ne prit fin que le 15 septembre avec la victoire des Français à Drebnitz, victoire d'autant plus remarquable si l'on considère les conditions matérielles et météorologiques difficilement supportables. C'est à la fin de septembre que le 149e de ligne passa sous le commandement du colonel Baron Druot.
Très éprouvé à Drebnitz, le 149 fut placé en réserve et n'intervint pas au cours des moments forts qui suivirent c'est à dire à Liebertwolkwitz et à Wachau les 14 et 16 octobre. Ces 2 combats ont coûté de nombreuses vies mais ont laissé l'avantage à l'Empereur.
Ce dernier voulait réduire la taille du front qu'il estimait trop étendue. Prussiens et Russes furent refoulés par les 2 et 5e corps au cours de combats où les hommes se battaient à la fois au corps à corps mais où l'artillerie jouait un grand rôle. Le 149 placé en réserve a été le seul régiment à ne pas avoir subi de perte.
Les 16, 17 et 18 octobre, aux portes de Leipzig, les armées affaiblies de Napoléon furent assaillies de tous côtés par une armée ennemie enhardie par le début du repli des Français. Le général Lauriston lui-même fut fait prisonnier. A Probstheyda les combats furent les plus ardus Le 149 laissa aux mains de l'ennemi quelques 140 hommes lors de cette retraite désastreuse. Cela n'empêcha pas les armées de la République de repasser le Rhin en assez bon ordre le 2 novembre.
Le 9 décembre, un ordre de refonte des unités a touché le 149e de ligne alors caserné à Cologne ; le 3e bataillon devait être absorbé par les 2 premiers qui passèrent à un effectif théorique de 1915 hommes chacun ; 316 étaient réellement présents sur les rangs. Les 2 bataillons du 149e de ligne furent placés au sein de la 1e brigade Obert, de la 10e division Abbert du 5e corps commandé par le général Sébastiani.
CAMPAGNE DE 1814
En 1814, les coalisés franchirent le Rhin obligeant les Français à se replier devant les Russes en direction d'Aix la Chapelle. A l'intérieur de nos frontières, l'effort fut mis sur la défense des Ardennes et de Châlons-sur-Marne. C'est le maréchal Mac Donald qui reçu cette mission le 19 janvier mais ce n'est que le 3 février qu'il fut confronté au général d'York. La défense de Reims a été, elle, confiée au général Sébastiani. Le siège de Châlons dura 2 jours durant lesquels de durs combats eurent lieu. Les forces de Mac Donald furent obligées de quitter la ville en échange de la fin des hostilités dirigées contres les habitants. Mac Donald se retira à Meaux. Pendant ce temps, le Ve corps, très affaibli, fut fondu dans le XIe corps et le 149ede ligne fut placé au sein de la brigade Thévenot de la division du général Amey. Parti de Meaux, Mac Donald marcha victorieusement sur Mormant le 17 février puis sur Montereau le 18. Le 23 février l'armée française entrait dans Troyes.
C'est pourtant dans les parages de Fère-Champenoise, le 25 mars, que les armées françaises en proie à des problèmes de commandement et de renseignements, furent violemment prises à partie par un ennemi sans cesse plus fort. Le général Thénenot et sa brigade avaient pourtant repoussé brillamment ses assauts lorsqu'ils furent écrasés sous les salves des 48 pièces d'artillerie ennemie. Ne voulant en aucun cas se rendre, cette brigade, dont faisait partie le 149e de ligne, fut anéantie sans pouvoir se protéger. L'empereur Alexandre et le roi de Prusse ont demandé eux-mêmes la rédition des derniers braves reconnaissant leur immense détermination. Tous les registres et documents relatifs au 149e de ligne furent détruits au cours de cet engagement. Cette défaite de Fère-Champenoise doit être considérée aussi glorieusement qu'une victoire.
Le 149e Régiment de ligne fut dissout le 21 juillet 1814 et incorporé dans le 88e de ligne. Sa vaillance durant toutes ces campagnes lui donna de voir figurer sur son Drapeau les noms de :
FLEURUS 1794
BAUTZEN 1813
GOLDBERG 1813