de la revolution a l'empire (1794-1814) - la 149e demi-brigade (1794-1796)

En 1793, l'appellation de régiment disparaît à son tour. Sont créées les demi-brigades. C'est le 17 mai 1794 qu'est née la 149e avec pour premier chef J.P. Perrin, ancien soldat et officier au régiment de Conti. Elle fut rattachée à la division d'avant-garde du général Lefebvre de l'armée de Moselle. 3 bataillons à 9 compagnies composaient alors cette unité. Sa tenue et la même que celle de toutes les autres unités, à savoir bleu "national" remplaçant le bleu de roi. Les collets et les parements sont écarlates. Les boutons blancs sont au numéro de la demi-brigade. La veste est blanche, en fait gris clair avec les poches en long. Le chapeau est bordé d'un galon noir, la cocarde écarlate, le plumet et les épaulettes rouges. Les officiers portent le hausse-col.

C'est en juin 1794 que la 149e Demi-Brigade, agissant au cœur de l'armée de Moselle du général Jourdan, intervint pour la première fois contre l'empereur d'Autriche sur les rives de la Sambre et au profit de l'armée des Ardennes alors en difficulté.

La jonction des armées de Moselle, des Ardennes et d'une partie de l'armée du Nord constitua une unité qui porta le nom d'armée de Sambre et Meuse. Elle passa sous le commandement du général Jourdan. Le 12 juin, cette grande unité franchit la Sambre, repoussa l'ennemi et investit la ville de Charleroi.

Le 16 juin 1794, à Fleurus, des engagements meurtriers obligeant le général Jourdan à battre en retraite devant le prince d'Orange, lui imposent de repasser la Sambre. La 149e Demi-Brigade y fut particulièrement éprouvée.

Pourtant, le 26 juin, toujours à Fleurus et en moins de 12 heures, aprés ravitaillement et un nouvel assaut victorieux des Français sur Charleroi, le général Jourdan eut raison de l'armée Autrichienne incapable de franchir le front de l'armée de Sambre et Meuse.Il ouvre les portes de la Belgique aux alliés. La 149e Demi-Brigade s'illustra tout particulièrement au cours de cet engagement.

Les Autrichiens défaits voulurent engager un nouveau mouvement offensif. Ils furent battus une fois de plus le 1e juillet sur les hauteurs de Bracquignies et furent rejetés à hauteur de Waterloo le 6 juillet puis sur Bruxelles. A la fin du mois juillet et jusqu'en septembre, les armées Françaises acculèrent l'ennemi par des actions rapides et audacieuses et firent quelques 1200 prisonniers et 2000 tués. La 149e Demi-Brigade, alors sous les ordres du général Jacobin, prit part à l'ensemble de ces combats.

En octobre, l'armée Française s'élança vers Aix-la-Chapelle à la poursuite des Autrichiens qui prirent position derrière la Roër sur une ligne allant du confluent de la Roër et de la Meuse, ayant Juliers au centre et Niddegen à l'autre extrémité. La 149e Demi-Brigade, au sein de l'armée de la division Lefebvre, est placée en avant-garde ; Elle investit la place fortifiée de Juliers et oblige les Autrichiens à se replier au-delà du Rhin, laissant derrière eux 5000 blessés ou tués lors de la bataille d'Aldenhoven le 20 octobre.

A partir de cette époque, le général Jourdan scinda son unité en 3 colonnes ayant pour objectif Bonn, Cologne et Coblence. Après la prise de Coblence et de Maastricht, les armées du Nord et de Sambre et Meuse ne rencontrèrent plus aucune résistance et firent une marche en avant ininterrompue au travers de la Hollande.

Vénérée par la Convention, l'armée de Sambre et Meuse se concentra sur le cours inférieur du Rhin en renfort de l'Armée du Nord et à des fins de renseignements sur les faits et gestes des Prussiens. La 149e Demi-Brigade, sous les ordres de Leboeuf, Berdot et Marcade fit partie des forces d'occupation d'Arnheim, puis de Doësburg et de la zone des canaux de Drusus et Pannerden.

Un moment de calme relatif dura près de 6 mois, d'avril à août 1795. Ceci permit aux unités, très éprouvées par le froid et par le désintérêt du gouvernement en place, de se remettre en condition malgré l'apparition de gros problèmes intervenus dans l'armée tels que désertions, misère et manque de motivation. On demanda alors une nouvelle offensive à Jourdan qui se prépara à franchir le Rhin et marcher contre l'Autriche. Ce n'est qu'au niveau d'Agerbach, en septembre 1795, que l'ennemi se rendit compte de l'incroyable progression de l'armée française. Après de nombreux combats, les Autrichiens furent une nouvelle fois repoussés à Dusseldorf.

Les places de Spick, celle-ci malgré une forte résistance de l'artillerie ennemie, Haberkam et Dusseldorf étaient aux mains de l'armée de Jourdan. Celui-ci avait franchi le Rhin victorieusement les 5 et 6 septembre, obligeant même le général autrichien Werneck à plier, laissant libres les accès d'Uckeradt puis d'Altenkirchen. La marche en avant ne pouvait plus être arrêtée et dès la fin du mois de septembre, la tête de l'armée se présenta devant Mayence.

Pourtant, le ravitaillement manqua rapidement, entraînant une situation de plus en plus difficile à contrôler. Les soldats manquant de tout, se livrèrent à des actes de mutinerie et de pillage. Renseignés et profitant des troubles internes, les Autrichiens se préparèrent à prendre l'avantage, franchirent le Mein, et contraignirent le général Jourdan à se replier.

La 149e Demi-Brigade revint sur le pont de Neuwied et se fortifia sur la rive gauche du Rhin après avoir subi de lourdes pertes tant en tués qu'en prisonniers. Bien trop affaibli par les problèmes de mutinerie et d'intendance, Jourdan ne put que battre en retraite devant le général autrichien Clairfayt, malgré une courte victoire fin novembre à Stromberg. Le 21 décembre, on signa un armistice : l'armée ennemie se retira au-delà de la Nahe et tout le terrain compris à une distance de 2 lieues des bords de cette rivière fut considéré comme zone neutre.

Cette campagne de 1795 fut placée sous le signe de la bravoure, de la gloire mais aussi de la déchéance. Cette dernière est sans doute due au gouvernement en place, préoccupé par ses propres intérêts plutôt que par ceux de la Nation. L'armée de Sambre et Meuse avait pourtant sauvé la France par 2 fois en 1794 : à Fleurus et à Braquignies, puis à Aldenhoven en octobre 1795 et ce malgré les tensions internes et la dissidence de certains officiers français. La 149e Demi-Brigade, en permanence aux postes d'avant-garde, a joué un très grand rôle dans ces victoires.

Après l'armistice du 21 décembre, la 149e Demi-Brigade fut dissoute par ordre de la Convention et ses bataillons affectés à d'autres unités : le 1er bataillon dans la 9e Demi-Brigade de ligne (qui devint 105e, de 2e formation) le 16 floréal an IV (5 mai 1796), le 2e bataillon dans la 86e (qui devint 83e de 2e formation) 30 pluviôse an IV (19 février 1796) et le 3e bataillon dans la 34e (qui devint la 43e de 2e formation) le 1e ventôse an IV (20 février 1796).

 

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